1104585 884 6a7f1e9de74f5ce66dcccff6eafef4f0 Monsieur le président, madame, monsieur les ministres, chers collègues, je tiens à féliciter à mon tour Nicole Bonnefoy et Sophie Primas de leur ténacité et de leur engagement sans faille pour coordonner et animer les travaux de la mission d’information.Nicole Bonnefoy l’a dit en début d’après-midi, nos travaux se sont concentrés sur l’incidence des pesticides sur la santé des professionnels et de leur entourage, notamment les familles et les riverains, en suivant toujours le même fil rouge : donner la priorité à la protection de la santé des Françaises et des Français contre les risques présentés par l’utilisation des pesticides.Mal pris en compte jusqu’à présent, et souvent relégué au second plan derrière les considérations économiques, agricoles ou industrielles, l’impératif de santé publique doit désormais occuper la première place : c’est lui qui doit guider, orienter les politiques publiques conduites en la matière et structurer la réglementation juridique encadrant la production, la vente ou l’utilisation des pesticides.Avant de présenter plus d’une centaine de recommandations, le rapport fait le point sur la dangerosité des produits phytosanitaires, les pesticides, et leurs effets sur la santé humaine. Cette dangerosité n’est plus depuis longtemps, hélas, une hypothèse, mais bien une réalité.Dans ce contexte, nous avons été amenés à réfléchir sur l’incidence de l’utilisation des pesticides sur le développement de certaines maladies, dont les cancers. Il est encore difficile aujourd’hui d’évaluer la responsabilité exacte des pesticides dans la survenue des cancers, même si de nombreuses études, amples et sérieuses, permettent d’avoir une vue d’ensemble en la matière.Nous pouvons partir de deux constats.D’une part, le nombre de nouveaux cas de cancer est en hausse constante depuis les années quatre-vingt, jusqu’à avoir quasiment doublé entre 1980 et 2005. Cette hausse peut s’expliquer de différentes manières, sans rapport avec nos travaux, mais elle peut aussi être reliée à l’exposition croissante à des facteurs de risques, en particulier aux pesticides.D’autre part, la prévention pourrait, selon le rapport, permettre d’éviter l’apparition de 50 % à 80 % des nouveaux cas de cancer. Cependant, son efficacité dépend de l’identification précise des facteurs de risques et du contrôle de l’exposition à ces derniers.Afin de poursuivre les recherches actuelles et d’aller plus loin encore, il nous a semblé utile de préconiser la généralisation de la tenue de registres des cancers à l’ensemble des départements et la centralisation des données recueillies à l’échelon national. Une des recommandations de la mission va dans ce sens.En effet, une douzaine seulement de tels registres locaux, dont celui de mon département, la Loire-Atlantique, permettent aujourd’hui de fournir des données précises et exhaustives en termes d’incidence du cancer. Ces registres sont indispensables pour évaluer l’efficacité des programmes de prévention, connaître la fréquence et l’évolution des cancers, ainsi que mieux identifier les causes ou facteurs de risques.Cela étant, l’incidence des pesticides sur la santé des hommes et des femmes ne s’arrête pas à l’apparition de cancers. En effet, de nombreux pesticides sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, n’agissant pas du tout comme les produits toxiques classiques et présentant des effets néfastes même à de très faibles doses.Nous devons entreprendre, parallèlement au développement de la recherche, une démarche préventive passant par la limitation de l’usage des substances incriminées. Un pas significatif dans cette direction a été franchi en fin d’année dernière par le Sénat concernant le bisphénol A. Nous devons maintenant aller plus loin, s’agissant cette fois des pesticides !La mission a recommandé, dans cette perspective, d’interdire l’emploi de femmes en âge de procréer sur les postes de travail exposés aux pesticides, les effets des perturbateurs endocriniens étant particulièrement sensibles en début de grossesse. Nous avons également proposé d’adopter rapidement une méthode d’évaluation des perturbateurs endocriniens.Vous le voyez, le chemin est encore long. Nous devons poursuivre ce travail avec la volonté de faire passer la santé publique avant tout le reste, l’intérêt général avant les intérêts particuliers.Le chemin est long, mais une étape importante vient d’être franchie : je me réjouis, ainsi que la plupart de mes collègues, qu’un nombre important de nos recommandations aient été saluées par M. le ministre de l’agriculture et Mme la ministre de la santé, qui se sont engagés à les mettre en application.Le travail devra se poursuivre de manière transversale entre les ministères, entre les disciplines, entre les acteurs de la santé et ceux du monde agricole, l’objectif étant de changer les mentalités, les comportements et les habitudes, pour vivre bien, pour vivre mieux ! 1380 http://www.senat.fr/seances/s201301/s20130123/s20130123_mono.html#intv_par_502 8862 37751 loi 2013-01-23 53 2013-01-26 04:17:10 2013-01-26 04:17:10 http://www.nossenateurs.fr/seance/8862#inter_6a7f1e9de74f5ce66dcccff6eafef4f0