1455489 1564 8aa6e52d278a9cc502782b2b4665fbc0 Le 22 mai 2014, Corinne Bouchoux et moi-même avons organisé une audition publique sur les adjuvants vaccinaux et, en particulier, sur les sels d'aluminium incorporés aux vaccins pour les rendre plus efficaces.Nous sommes heureux d'avoir co-présidé cette audition publique à un double titre. D'une part, les débats se sont déroulés très sereinement, bien que des points de vue très divergents se soient exprimés sur un sujet fort controversé, ce qui a confirmé une fois encore le rôle irremplaçable des auditions publiques de l'Opecst en permettant une expertise collective, contradictoire et transparente. D'autre part, la vaccination, me semble-t-il, a été victime de son succès. Rappelons-nous des ravages qu'a pu faire la variole, qui a notamment tué Louis XV - ce virus aujourd'hui n'existe plus sauf dans des laboratoires - ou, plus récemment, des conséquences de la poliomyélite. Aujourd'hui le recul de la vaccination fait que la rougeole tue à nouveau des enfants. La désaffection ou la suspicion envers les vaccins n'est pas uniquement un phénomène français, même si elles ont pu être accélérées par la manière dont les pouvoirs publics ont abordé la grippe H1N1.Les débats autour de la vaccination ont confronté deux approches, celle de la balance bénéfice-risque, qui est traditionnelle dans le domaine de la médecine, pensons par exemple au risque lié à l'intervention chirurgicale, et le principe de précaution. Je rappelle que la notion de balance bénéfice-risque ne consiste pas à nier les risques, mais à les rapporter aux bénéfices en matière de santé.Cette audition publique a fait suite à la saisine d'Annie David, alors présidente de la commission des affaires sociales du Sénat. En effet, elle a appelé l'attention du président Bruno Sido sur le lien entre la persistance de traces d'aluminium chez certaines personnes vaccinées et une pathologie appelée « myofasciite à macrophages ». L'un des orateurs, Christopher Exley, professeur de biochimie inorganique à l'université de Keele au Royaume-Uni a d'ailleurs félicité l'Opecst pour l'organisation d'un tel débat, dont il a regretté qu'il n'ait pas eu lieu dans son propre pays.Bien qu'elle fasse l'objet d'études depuis plus d'une vingtaine d'années, la communauté scientifique n'est toujours pas parvenue à un consensus sur l'existence éventuelle d'un lien de causalité entre cette pathologie et les sels d'aluminium.Les adjuvants vaccinaux sont apparus comme une nécessité pour renforcer les défenses immunitaires de l'organisme. Le plus efficace paraît être l'aluminium mais on peut regretter qu'aucune étude comparative n'ait été faite récemment entre types d'adjuvants.L'audition publique a comporté deux tables rondes consacrées à des interrogations sur les effets et la sécurité des adjuvants, d'une part, et, d'autre part, aux pistes qui peuvent être envisagées pour l'avenir.Malgré les points de vue opposés qui se sont exprimés à l'occasion de ces tables rondes, un accord a pu toutefois être dégagé sur quelques questions. Les recommandations qui ont été formulées seront évoquées dans un second temps.Bien que tous les acteurs aient déclaré ne pas être hostiles au principe de la vaccination, ils n'en ont pas moins défendu des arguments très opposés sur les effets des sels d'aluminium. Les uns ont mis en cause leur toxicité ou encore déclaré qu'il existait un lien de causalité entre les sels d'aluminium ajoutés aux vaccins et certaines pathologies. Ainsi, le Pr Romain Gherardi, chef du service d'histologie-embryologie de l'Hôpital Henri Mondor à Créteil a déclaré avoir découvert par hasard, il y a 25 ans, la présence d'une lésion histologique - jusqu'alors inconnue - qu'il a baptisée myofasciite à macrophages. Ces macrophages - c'est-à-dire des cellules d'origine sanguine infiltrant les tissus, dont le rôle est de phagocyter les débris cellulaires et les pathogènes - sont, selon le Pr Gherardi, chargés de particules. Contenant de l'aluminium, ces dernières ont la forme de l'hydroxyde d'aluminium.Ces particules sont détectées à la biopsie musculaire.Elles sont persistantes, car chez les patients ayant contracté une myofasciite à macrophages et présentant un syndrome de fatigue chronique, un délai de l'ordre de 66 mois et même jusqu'à 14 ans peut s'écouler entre la dernière vaccination et la biopsie.Une autre caractéristique de ces particules d'hydroxyde d'aluminium injectées par voie intramusculaire réside dans le fait qu'elles émigrent vers le cerveau. Ce phénomène est connu. Il a été constaté chez des patients dialysés dans des zones où l'eau est très riche en aluminium. Celui-ci, à des doses bien plus fortes que celles contenues dans un vaccin, a provoqué des encéphalopathies aluminiques qui ont entraîné des démences. S'agissant des symptômes de la myofasciite à macrophages, le Pr François-Jérôme Authier, responsable du centre de référence des maladies rares à l'Hôpital Henri Mondor a indiqué qu'ils étaient de trois types : des douleurs musculo-articulaires, une asthénie chronique et des troubles cognitifs chroniques très sévères qui ne sont corrélés ni à la douleur, ni à la fatigue, ni à la dépression, ni à la durée de l'évolution.Quant au Pr Yehuda Shoenfeld, président du 9ème congrès international de l'auto-immunité et chef du département de médecine de l'Université de Tel Aviv, il a souligné qu'il avait constaté, il y a deux ans, des syndromes auto-immuns induits par les adjuvants dénommés Asia (auto-inflammatory syndrome induced by adjuvants). Il s'agit d'adjuvants qui, une fois introduits dans l'organisme d'un individu, seraient susceptibles d'augmenter ces maladies auto-immunes. Sur ces différentes analyses, de nombreux autres intervenants ont émis de sérieuses réserves. Comme l'a relevé le Pr Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, il n'y a pas lieu de remettre en cause la pertinence de l'observation du Pr Gherardi sur la présence durable de l'aluminium au niveau du site d'injection du vaccin ni sur l'incorporation du métal dans les macrophages. Pour autant, le problème est de démontrer la relation de cause à effet entre ces observations et les manifestations cliniques. Or, celles-ci sont relativement peu spécifiques des malades atteints de myofasciite, qu'il s'agisse de fatigues chroniques ou de certaines manifestations neurologiques. Seules des études épidémiologiques comparatives peuvent démontrer cette relation de causalité.Pour ce qui est du syndrome Asia - dans lequel le Pr Shoenfeld a inclus le syndrome de la guerre du Golfe -, est-il pertinent de le rattacher majoritairement au risque vaccinal ?Pour sa part, le Pr Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations du Haut Conseil de la santé publique, a constaté que les preuves sur les facteurs génétiques favorisant la pénétration de l'aluminium dans le cerveau n'étaient pas apportées par les études expérimentales faites par l'équipe du Pr Gherardi.Dans ce débat sur la sécurité des adjuvants, il importe donc, comme on vient de le voir, de démontrer rigoureusement l'existence d'un lien de causalité entre un effet secondaire et un adjuvant. A cet égard, j'ai été conduit, en réponse à un participant, à préciser qu'on ne pouvait attendre de la médecine de démontrer l'absence d'effet, ni, par conséquent, la non-toxicité d'un adjuvant ou d'un vaccin, sans mettre en regard d'éventuels effets secondaires et les effets bénéfiques prouvés de ces produits. On peut toutefois regretter le manque d'études dans ce domaine.Le Pr Brigitte Autran, professeure d'immunologie à l'Université Pierre et Marie Curie et responsable du département d'immunologie de la Pitié-Salpétrière, a fort opportunément insisté sur les raisons pour lesquelles le sel d'aluminium en particulier et les adjuvants en général contribuent à l'efficacité des vaccins et s'avèrent ainsi nécessaires.Retraçant la genèse du recours au sel d'aluminium, elle a rappelé qu'en 1923, Gaston Ramon, un élève de Pasteur, avait découvert le moyen de rendre enfin la toxine diphtérique efficace car s'il avait injecté uniquement cette toxine après l'avoir détoxifiée sans lui adjoindre d'adjuvant, il n'aurait eu aucune protection immunologique. C'est à partir du moment où il a observé qu'en faisant une préparation particulière entre cette toxine détoxifiée et le sel d'aluminium qu'il a enfin obtenu une protection.Le succès de cette expérience a conduit Ramon à la répéter avec le vaccin contre le tétanos, nouvelle opération qui a également réussi. Si bien que, note Brigitte Autran, l'ensemble de la communauté mondiale lui a emboîté le pas en utilisant le sel d'aluminium dans les vaccins pour les rendre plus efficaces. Complexés avec des protéines, les sels d'aluminium constituent des agrégats qui ont la propriété de recomposer une particule proche de la particule bactérienne, laquelle a, elle-même, cette énorme capacité d'activation du système immunitaire. 60 http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20150309/soc.html#par38 12586 49158 commission 2015-03-11 3414 déput&eacute 2015-03-15 04:12:38 2015-03-15 04:12:38 http://www.nossenateurs.fr/seance/12586#inter_8aa6e52d278a9cc502782b2b4665fbc0